Bien des choses avaient changées depuis un moment. J'en étais était bien heureux. À l'hôpital, j'étais devenu un vrai virtuose : la majorité des cas esthétiques me revenaient, même si je n'étais pas le seul à être en mesure de réparer un nez, un bras ou une paire de nichon... J'adorais ce que je faisais et ça m'avait valu beaucoup de prestige dans cet univers. Depuis la fusion, tout le monde se sent un peu perdu ou persécuté. Seulement, moi j'avais compris que pour être à l'abri du licenciement, il faut être en mesure de ses capacités. Je sais mes capacités, je sais ce qu'elles valent et, honnêtement, je ne connais personne qui en vaut plus que moi ! Sans doute de la vantardise, mais je l'assumais. Je suis Mark Sloan, mesdames et messieurs ! Pas n'importe qui. En peu de temps, dans cet hosto, j'avais réussit à me bâtir un nom encore plus solide qu'à New York. Bien sûr, il y avait là deux versions : la rumeur qui dit que je suis un pourri qui couche à gauche et à droite avec tout ce qui bouge ou celle qui dit que je suis un des meilleurs chirurgiens plastique de Seattle. —Pratiquement le seul, mais quand même le meilleur.— Je n'avais pas encore reçu de prix pour ma brillante carrière ou pour les brillantes interventions que j'avais effectuées, mais je sentais que ça s'en venait. C'était moi qui avait refait une greffe complète du visage d'un homme qui avait eut un grave accident de voiture. J'étais parti de rien —ou presque— pour en finir avec une très belle face. Réellement, je faisais des miracles avec mes dix doigts et mon savoir faire. Ok, ok, j'admets que j'en beurre épais sur la toast, mais je mérites cette vantardise puisqu'au fond, même si on rassemble tout le personnel compétent de la place, ils ne seraient même pas en mesure de faire meilleur boulot que moi !

Aujourd'hui, j'avais prévu une journée sans pitié pour la moitié des patients qui attendaient des interventions qui nécessitent mon aide. Le tiers du tableau des plannings m'appartenaient aujourd'hui. Ce serait une grosse journée comme je les aimais et, honnêtement, je ne m'en plaisais pas. J'avais d'ailleurs pris Lexie Grey dans mon service pour les prochaines vingt-quatre heures. Elle allait assister à mes trois prochaines opérations. Malheureusement —ou heureusement— pour elle, elle devrait passé plus de seize heures collés à moi. Personnellement, ça faisait mon bonheur, bien que, présentement, j'ai l'air d'en parler comme si c'était une corvée que de lui apprendre le métier. Entre Lexie et moi, c'était un peu complexe. Je l'aimais d'autant que je la repoussais. Je la laissais m'approcher, mais même si je l'avais à mes côtés, je ressentais le goût horrible de la chasser à coup de pied. Vous savez ce que ça signifie vraiment, ce « coup de pied » ? En fait, c'est plutôt à moi que j'aimerais le donner... Pourquoi ? Parce que je ne peux plus supporter le fait de l'avoir près de moi sans pouvoir la frôler, la toucher, l'embrasser. Ça fait déjà quelques temps que je sais pertinemment ce que je ressens pour elle, mais que je n'ose pas en parler à qui que ce soit. Vous savez comment s'est lorsqu'on a une réputation telle que la mienne ? On croirait que c'est du bluff et que je fais cela dans le seul et unique but de pouvoir me mettre sur la patte la virginité de Lexie Grey, demie-soeur de la ô combien aimé de tous Meredith. —Meredith qui est d'ailleurs avec Derek, mon meilleur ami. Ça ferait alors que du gâchis.— Je ne pouvais pas me faire à cette idée que je recevrais une paire de claque au visage de la part de Shepherd parce que j'aurais touché à un cheveux de sa belle-demie-soeur. Cependant, c'était bien plus que pour m'en vanter : j'aimais Lexie. Je l'aimais comme je n'avais aimé personne. Même pour Addison, je n'avais pas ressenti cela aussi fort que je le ressens pour la jeune interne... J'étais encore trop con et trop incertain pour le lui avouer, mais je savais que ça viendrait lorsque le bon moment se présentera. De plus, ça allait bien aider de passer presque toute une journée ensemble, dans le même bloc...

Sur le moment présent, j'étais dans le bloc A de l'aile Nord et j'attendais avec impatience et crépitement dans mon estomac que Lexie franchisse la porte du bloc et vienne prendre place à mes côtés. J'avais peur de ce moment et ça m'angoissait un peu, mais je me devais de, tout de même, rester très professionnel face à cela. Pour le moment, j'étais son professeur. Peut-être que dans deux heures, lorsque nous serions en train d'opérer ce patin, nous parlerons de nos vies privées respectives. Nous étions entrain d'endormir le patient lorsque la jeune brune passa la porte, vêtu de son calot, ses gants jusqu'au avant-bras et sa chemise bleu.

GREY • Docteur Sloan, vous souhaitiez me voir assister à cette opération me voilà.
SLOAN • Bien sûr, Docteur Grey. Je trouvais cette intervention particulièrement intéressante pour une interne de votre calibre. Il s'agit d'une chirurgie visant à refaire le dos du patient.

En effet, Monsieur Jennings, couché sur la table froide d'opération, attendait depuis maintenant un mois pour une chirurgie visant à lui refaire un superbe dos. Il avait été frappé de plein fouet au dos et cela avait complètement détruit son dos. Docteur Bailey s'était occupée de refaire la colonne vertébral, il y a de cela trois semaines, mais nous devions attendre d'avoir de la peau compatible à celle de notre patient ainsi que des muscles tout aussi compatible. Je fis un petit clin d'oeil à Lexie, tout en lui faisant signe de se rapprocher de la table, puisque nous allions commencer.

Je poussa un petit soupir lorsque je sentis qu'on me touchait. Je savais qu'il s'agissait là de Lexie, mais je n'osa pas passer de commentaire. Si ça avait été quelqu'un d'autre, j'aurais indéniablement finit par dire « Fait gaffe, tu viens de me toucher » ou une réplique bien sortie comme celle-là. Seulement, c'était Lexie. Lexie Grey. Celle que je me tais à aimer depuis quelques temps déjà. Je ne pouvais pas me permettre d'avoir l'air odieux face à elle. Je ne voulais pas, à ce moment précis, avoir l'air de l'ancien Mark : celui qui se fou de qui est près de lui et qui envoie valser quiconque ose être trop près dans sa bulle. La jeune interne n'avait sûrement pas fait exprès et de se trouver à côté d'un des meilleurs chirurgiens avait sans doute fait monter sa pression. Elle en était donc toute pardonnée. Après tout, tout le monde finit par poser des petits gestes involontaires comme ceux-là. Ce n'est pas comme si elle m'avait directement planté cette petite pince dans la cuisse ou dans le bras. Là, j'aurais été vraiment fâché et, pour la punir, je l'aurais fait renvoyer de mon service. Revenons à la réalité : heureusement, ce n'est pas ce qui s'était produit. Je pouvais donc être tranquille. Je passa ma main sur mon calot et pris une grande respiration pour essayer de reprendre ma concentration. Je n'avais pas à être distrait et je n'avais surtout pas à laisser mes sentiments et mes émotions mettre la vie d'un de mes patient en jeu. Je devais être beaucoup plus professionnel que cela. J'étais Mark Sloan. Sloan ne se laisse pas diriger par l'amour ou la passion, non. Au bloc, c'est le plus fort et le meilleur. Je n'accordai donc aucune importances aux dernières paroles que Lexie prononça. Elle n'avait pas besoin de se sentir mal pour ce geste et n'avait pas besoin de se justifier. Comme je l'ai dit, ce n'est pas comme si elle l'avait fait exprès. Après avoir continué, de mon côté, à enlever les morceaux de peau morte avec la plus grande délicatesse, je me mis à expliquer la procédure à Lexie d'un ton de voix très posé, très calme et surtout qui ne démontrait aucun sentiment.

GREY • Pouvez-vous m’en dire plus sur la technique utilisée docteur Sloan ? Je la trouve très…intéressante.
SLOAN • Il s'agit d'enlever l'ancienne peau du patient en utilisant les pinces stériles pour ensuite, avec une très grande délicatesse, rattacher les muscles d'un donneur X aux nerds de Monsieur Jennings. Ensuite, nous ferons la greffe de la peau, ce qui aurait pour but de conclure l'intervention. Pouvez vous me dire, s'il vous plait, combien de temps le patient devra rester cloué au lit à la suite de la chirurgie ?

Finis-je par demander. En effet, Lexie était avec moi, en ce moment, non pas uniquement parce que je voulais la sentir proche, mais bien sûr parce que je voulais lui faire apprendre à ma façon. Avec les autres internes et les autres résidents que je prenais sous mon aile, j'avais tendance à ne jamais poser de question et à laisser faire. Si le médecin se plantait, je lui refusais l'accès à mon bloc pendant environ un mois, tout dépendant de la gravité de la chose. J'étais reconnu pour être difficile, mais je considère que lorsque je te fais entrer dans mon bloc et donc procéder à une intervention à mes côtés, tu mérites d'y être et c'est parce que tu as le potentiel. Si tu fais une gaffe devant moi, alors ça prouve que tu n'es pas prêt à être un grand chirurgien. Les gens me redoutaient pour ce jugement, mais avec Lexie j'agissais totalement différemment. C'est pour ça que l'infirmière de bloc me lança un petit regard interrogateur, comme pour me demander si c'était vraiment le même Mark qui se cachait derrière ce masque et ce petit chapeau. Oui, c'était bien le même Mark Sloan, mais à ce qu'il paraît, l'amour peut vous faire agir d'une façon complètement différente... Je pris une grande respiration et bougea ma tête de gauche à droite, comme pour me détendre le cou. L'intervention s'annonçait longue et, sans doute qu'en cours de route, nous aurions besoin de Bailey. Elle était spécialiste dans la chirurgie général et l'attachement des muscles aux nerds n'était pas vraiment de ma spécialité.

Parfois, avant de m'endormir, couché dans mon lit, il m'arrivait de penser à ce qu'aurait été ma vie si je n'avais pas été un réel trou du c*l. Si je n'avais pas couché avec Addi, si je n'étais pas venu dans cet hôpital, si je n'avais pas rencontré Lexie et si je n'étais pas tombé amoureux. À ce point de ma vie, je n'avais plus de regret : ce que j'avais vécut à New York étaient des choses qui appartiennent maintenant au passé et je n'ai plus à m'en faire. Maintenant, j'étais heureux de l'homme que je devenais. Même si on pouvait croire que j'étais un type réellement méchant, je ne le suis fichtrement pas. Je suis sensible, attentionné, dévoué et surtout, à l'écoute. Qui a aidé Callie lorsque George est mort ou lorsque son père était venu au SGH pour faire exorciser la lesbienne en elle ? J'ai été là pour l'aider à traverser toutes ces étapes et j'en suis bien fier. Ça me rend unique, je le sais. Bien que je ne le démontre pas, je suis un réel gentleman et un superhéro des temps modernes. Croyez moi, un jour vous le découvrirez... Et puis, d'autres fois, en me couchant, il m'arrive de penser au jour où j'avouerais mes sentiments pour Lexie à Derek ou à elle-même. Rien qu'à y penser, ça m'angoissais. Je continus de croire que la jeune Grey mérite beaucoup mieux que moi, même si je sais que je serais capable de la rendre heureuse. Je l'aimais, oui. Mais parfois je doute de moi bien plus que je doute des autres...

Lorsque Lexie s'emballait et se mettait à parler de la sorte, une part de moi-même aimait ça. J'adore l'entendre parler, parce que pour elle, c'est comme si elle faisait une gaffe alors qu'à mes oreilles, sa voix tremblante était comme une douce mélodie. Je pourrais boire ses paroles pendant des ans, si je le pouvais. Peut-être que c'est abusif, me direz vous, mais vraiment je n'ai jamais entendu une voix aussi belle que la sienne. Habituellement, je ne porte pas une attention particulière aux voix que j'entends : ce n'est pas là-dessus que je me basais pour savoir avec qui j'allais coucher après l'heure du lunch. —Et si ça avait été le cas, j'aurais été vraiment grossier d'agir ainsi.— D'une autre part de moi trouvait cela insoutenable. Vous savez, quand vous voyez ou entendez quelque chose et que vous n'arriver plus à vous contrôler ? Sa voix déclenchait en moi un genre de tremblement de terre et je sentais chaque partie de mon âme se crisper et se décrisper au rythme des battements de mon cœur. Je ne pense pas que ce soit très professionnel de ma part d'avoir un agissement de la sorte, surtout en ce moment, dans un bloc. Je devais de toute façon me rendre à l'évidence : j'étais maintenant amoureux fou de Lexie Grey et même si tout les Dieux se mettaient contre moi, —dieux qui en fait sont Meredith et Derek— je continuerai d'aimer cette jeune interne, si fragile et si innocente. Et j'aimerai toujours l'entendre parler comme cela, pour dire tout et n'importe quoi sans que ce soit réellement approprié.

GREY • Je préconiserais un alitement de deux semaines, en prenant en compte le fait qu’il ne devra cependant pas être totalement immobile. En effet, les nerfs doivent se remettre en marche, et sa peau retrouver sa souplesse naturelle. Un kiné devra venir plusieurs fois par semaines afin de l’aider à reprendre doucement des gestes anodins du quotidien. [...] La greffe de peau devra prendre facilement, je crois. Cette opération me rappelle un article que j’ai lu dans le numéro 118 de la revue médicale écrite par un chirurgien de renom. Il expliquait que greffer de la peau sur le dos, est quelque chose d’assez simple dans une certaine mesure, comparé à des parties du corps plus complexe. Au fond ce monsieur, a de la chance dans son malheur, il aura un dos tout neuf, et dans quelques temps, il aura l’impression de retrouver une seconde vie. [...] Je…j’ai une excellente mémoire photographique…je vais me taire, et observer, je crois que c’est mieux…

Lexie n'avait pas à s'excuser d'avoir tant parlé. Elle serait déjà pardonné d'avance pour toutes les erreurs qu'elle ferait dans mon bloc. J'admets que cette mentalité n'était pas la plus excellente, mais on s'entend que je saurais quand même juger de la situation... Si elle parle trop dans mon bloc, je ne peux pas lui en vouloir, mais si elle tu un de mes patients, ça, ce sera très différent et elle en subira les conséquences. Je ne laisserai pas mes sentiments gérer des erreurs aussi grave, mais lorsqu'il s'agit de petite chose anodine, je pense que je suis capable de bien gérer. Je pris une grande respiration, pendant que nous étions encore tous deux en train d'enlever les résidus de peau morte. À ce rythme-là, nous en avions encore pour au moins une ou deux heures. Ensuite, ce serait le tour des muscles, puis de la peau dorsale. La nouvelle peau. J'adorais ce métier parce qu'il me permettait de redonner forme à des choses complètement détruites. Honnêtement, dans ce bloc, on se sent comme un réel Dieu du bistouri. On pense à une intervention qui pourrait redonner une vie normal à un patient et puis on l'exécute, puis finalement ça s'avère avoir été un franc succès et on vient alors de sauver la vie d'un homme ou d'une femme qui voulait devenir quelqu'un de mieux. J'adorais la chirurgie esthétique, malgré qu'au plus profond de mon être, je trouvais cela un peu dégradant pour la personne qui se fait poser des implants mammaires ou celui qui se fait poser une pompe dans le pénis afin de pouvoir avoir une érection même à quatre-vingt ans. J'adore la chirurgie plastique non pas parce qu'elle peut libérer des gens de leurs complexes d'enfance, mais uniquement parce que ce sont des interventions minutieuses qui demande du temps, de la patience, de l'expérience et de la pratique. J'avais toutes les capacités pour être un virtuose de la plastique, mais je ne pouvais pas comprendre tous ces gens qui avaient une soif insupportable de devenir quelqu'un d'autre. Dans ma carrière, j'en avais vu des choses hallucinantes : greffe de cheveux parce que la fille se trouvait trop peu chevelu, greffe de sein parce que le marie en voulait plus à prendre, remodeling du nez parce que la vieille voulait enlever ses rides, mais en gardant ses yeux. Ah ! Les gens de nos jours étaient tellement peu motivé à être eux-mêmes. Sauf que, d'un point de vue, c'est un peu grâce à ce genre de personne que j'ai pu devenir un pro du domaine. Je tourna légèrement la tête vers Lexie et l'observa d'un œil malhabile.

Lexie n'aurait sans doute jamais besoin de chirurgie. Et même si un jour elle vient me voir en rampant pour que je lui refasse le nez, les yeux, les seins, les fesses, le ventre ou quoi que ce soit de son joli corps, je refuserais catégoriquement. Je sais que cette jeune femme ne m'appartient pas et que je ne peux pas lui dire quoi faire, mais je n'accepterai pour rien au monde qu'elle change ses beaux yeux brillants, son beau sourire remplis de bonheur, ses doux cheveux brun, sa poitrine parfaite ou le moindre centimètre de son corps. Grey était, à mes yeux, la plus parfaite des créatures. Même si c'est l'amour qui me faisait penser cela en ce moment, je sais que même si je ne l'aurais pas aimé, j'aurais eu la même mentalité face à elle. Je n'accepterai jamais, même si elle me torture. Même si elle veut me tuer. Même si elle me donne cent dix milles dollars. Je n'accepterai jamais. Vous voyez donc là à quel point je peux l'aimer, pas vrai ? La plupart des gens trouveraient mon agissement quelque peu déplacé ou encore hâtif, mais honnêtement, je pense que lorsqu'on trouve l'amour de notre vie —ou du moins pour une partie de notre vie— on le sait et on n'a pas besoin de se poser trente questions. Dès la première fois où Lexie avait parlé, j'avais tout de suite ressenti un petit pétillement dans le creux de mon estomac. Si c'est ça le coup de foudre, alors oui, je venais d'en avoir un. L'étudiante me donnait une raison de venir au bloc opérer ce monsieur : elle serait là à mes côtés. C'était une motivation, pour moi. J'appréhendais avec grande impatience le jour où je serais assez courageux pour lui dire en pleine face ce que je ressentais pour elle, mais il y avait toute sorte de facteur qui m'en empêchait. Bien sûr, on voyait ce genre de phénomène de plus en plus dans l'hôpital. Un résident et une interne, une infirmière avec un concierge... Et surtout, le classique : une interne avec un titulaire ou une résidente avec un titulaire. À croire que les femmes aimaient les hommes plus vieux ! —C'est un classique, je sais, mais honnêtement, est-ce que toutes les filles de cette génération sont comme cela, maintenant ?— Je pris une nouvelle respiration, tout en continuant la manœuvre. On remarquait à peine qu'en dessous de mon uniforme de travail, mon cœur battait si vite. Je regarda à nouveau Lexie et finit, après quelques minutes de silence, par reprendre la parole.

SLOAN • Très bien, Lexie. C'est vous qui s'occupera de son bilan post-opératoire et qui entrera en contact avec un kiné.

Dis-je, simplement. Je suis sûr qu'elle devait trouver que je lui en demandais trop en peu de temps. Je la harcelais presque, depuis deux semaines. Merde, Sloan ! Soit tu fais ça comme un grand et tu le caches bien ou soit tu avoues tout et tu arrêtes d'être un salaud. Bientôt, bientôt je devrai passer par dessus ma peur et m'efforcer de tout avouer. Si ça se trouve, je laissais passer quelque chose en ce moment même ? Eh puis, peut-être se peut-il que Lexie ne soit clairement pas intéressée par moi ? Plus j'attendrais et pire les doutes seront. Je devais agir, même si cela offensera Derek et Meredith, mais sur ce coup-là, j'étais vraiment sincère et je savais ce que je ressentais. Je voulais plus que du sexe avec Lexie. Je la voulais dans ma vie. Je la veux dans ma vie. Je la veux. Elle. Comme elle est et avec tout ce qu’elle pourra m'apporter. Je pris à nouveau une grande respiration et regarda l'infirmière qui était maintenant assise. Elle devait me trouver stupide de toujours prendre d'aussi grande respiration... C'est juste qu'elle ignorait ce qui se passait en moi, en ce moment...

SLOAN • Dit moi, Mini Grey. J'ai une salle réputation, à ce qui paraît !? J'espère que ça ne te pose pas de problème d'être si souvent en ma présence...

Merde. Merde de chez merde. Qu'est-ce que je venais de dire ? Oui, c'était une réplique typiquement Sloanienne, mais je ne voulais pas agir ainsi avec elle. Je ne voulais pas qu'elle me voit comme ce monstre de classe première ou comme ce joueur des dames. Je valais plus que cela et je devais lui montrer ma meilleure facette si je voulais avoir une chance. Mon cœur s'emballait de plus en plus, mais il se calma rapidement lorsque j'entendis ma partenaire d'intervention rire. Alors, j'avais marqué un point ? Si elle riait, c'était bon signe, non ? Après tout, peut-être qu'elle aimait quand je jouais ce genre d'innocent ? Je repris la chirurgie là où mes pensées l'avaient laissés et je poursuivis mon boulot, attentivement, guettant une réponse de la part de la jeune femme.

GREY • Votre réputation ? La seule qui m’intéresse pour ma présence ici, est celle de votre métier, chirurgien plastique et elle est excellente, alors non cela ne pose pas de problème docteur Sloan. Puis vous savez ici si on devrait s’arrêter aux réputations, on se dirait que le docteur Yang est sans cœur, que l’anesthésiste en chef est un alcoolique, que l’infirmière rousse des urgences couche avec tout le monde et que moi, je suis une interne maladroite et curieuse. Puis, de toute façon même si cela me posait problème ça ne changerait rien pour vous non ? Je ne suis qu’une interne de plus… [...] Puis, votre réputation de dragueur, n’est pas un secret pour personne, vous aimez vivre ainsi, soit ! Vous êtes libre de faire ce que vous voulez non ? Puis, si l’engagement vous fait peur c’est pas votre faute c’est comme Meredith avec Derek, sa peur pathologique de s’engager ne les a pas empêché d’être heureux au final…Mais, vous croyez en l’amour docteur Sloan ? Ou alors l’amour c’est qu’une simple illusion pour vous ? Je m’excuse…peut-être que cela est déplacé…

Ça y est ! À ses yeux, je ne devais être que cette fabuleuse pourriture qui ne fait que draguer et coucher avec tout ce qui bouge. Ça n'a pas toujours été ainsi, par contre. Y'a un temps, quand j'étais à la fac, où j'étais le gentil petit Mark tout mignon qui aidait tout le monde... Au bout du compte, vous savez ce qui est arrivé ? On a finit par abuser de moi. —Pas nécessairement sexuellement.— J'avais des amies, à New York, qui se mettait à me faire des sous-entendus, des avances et même du rentre-dedans. Au début je trouvais ça déplaisant, mais quand j'ai fini pas succomber à la petite brunette de mon cours de cardio, je me suis rendu compte que d'agir ainsi pouvait avoir du bon : vous pouvez regardez les gens de haut, vous avez toutes les femmes à vos pieds et vous pouvez même avoir des faveurs particulières. En plus, ça flattait réellement mon égaux de me sentir aussi séducteur et apprécié. J'ai donc commencé, vers les vingt-cinq ans, à devenir le Mark d'aujourd'hui. J'aimais bien me sentir aimé de la sorte, même si je savais que c'était purement sexuel... Ça fait quand même plaisir de se sentir désiré. Seulement, depuis Lexie, j'essayais d'être un peu plus différent. Je savais qu'aux yeux d'une interne, je devais être bien plus que le Mark prétentieux qui peut avoir toutes les faveurs souhaitées. Pour pouvoir être avec Lexie, je devais être différent et lui montrer l'envers du décor. Je voulais qu'on m'aime pour ce que je suis réellement, pour une fois. Je voulais qu'on revoit en moi le gentil petit Mark de la fac. Je suis encore ce mec-là, mais quand j'ai commencé à perdre espoir en l'amour et que je sexe commençait à occuper une aussi grande place dans ma vie, je me suis mis à changer pour plaire aux femmes. Lexie, je ne voulais pas lui plaire de la sorte. Je veux qu'elle me fasse confiance, qu'elle m'aime réellement. Réellement.

Je pris une grande respiration et demanda à une infirmière présente de m'essuyer le front avec une serviette. Sans doute la fera-t-elle encadrer pour la mettre dans son salon. Ce qu'elle en ferait, je m'en moquais, en autant qu'elle m'essuie pour que je puisses poursuivre sans avoir de sueur froide qui me tombe dans les yeux. C'est une sensation assez dégoûtante et je ne voulais pas la vivre. Pas en présence de la jeune interne. Je ne voulais pas grogner et me mettre les nerds en boule devant elle. Je voulais me montrer sous mon meilleur jour... Ses paroles résonnaient encore dans ma tête et je ne savais juste pas comment y répondre. Je ne savais pas comment formuler mes phrases afin que ce soit direct, mais très subtile. Je ne suis pas un mec subtile, habituellement, mais j'avais vraiment besoin de passer par là si je voulais au moins préserver un peu de dignité face à elle. Je manipulais toujours attentivement mes outils, tout en respirant assez régulièrement. Ça ne paraissait peut-être pas, mais je réfléchissais encore à comment je pourrais répondre à ce genre de question. Avant, je ne m'étais jamais remis en cause de la sorte. J'avais cette réputation et jusqu'à maintenant, ça me plaisait. Là, c'était différent puisqu'il y avait quelqu'un en jeu. La raison pour laquelle j'avais sans doute toujours eu ce comportement était peut-être parce que je n'avais jamais vraiment été amoureux avant maintenant. Et même encore là, je ne sais pas vraiment ce qui signifie le mot « amoureux »... Amoureux, est-ce quand on veut faire des concessions pour celle qu'on aime ou c'est juste quand on veut la baiser ? Je vous rassure, je plaisante. Je sais parfaitement ce qu'est l'amour, mais il est vrai que je ne l'ai jamais vécu. Même avec Addi, du temps où nous étions à New York, je ne pense pas que ça est déjà été aussi fort que ce que j’éprouvais en silence pour la brune, à mes côtés en ce moment. Je jeta un petit coup d’œil rapide à son travail et hocha la tête. Elle faisait bien ça et je n'avais absolument rien à redire. Je pense, par contre, qu'il était temps que je répondes à ses questions.

SLOAN • Je ne trouve pas que c'est déplacé. C'est moi qui ait commencé la conversation.

C'est vrai, j'avais cherché à avoir cette discussion et, même si ses réponses m’inquiétais quelque peu, je désirais savoir les réponses. Je ne suis peut-être pas le mec le plus gentil et le plus accueillant du monde, mais je ne suis pas un menteur et j'apprécie savoir les choses.

SLOAN • L'engagement ne me fait pas peur. J'attends la bonne personne. Je ne donne pas de faux espoirs aux femmes avec qui je couche sans retenu. Elles savent pertinemment qu'il n'y aura pas de lendemain, pas de souper aux chandelles, pas de massage et encore moins de « je t'aime ». Je n'ai pas peur de l'engagement, j'attendais juste de trouver la bonne. Et oui, je crois en l'amour. J'y crois peut-être un peu trop, quitte à me faire des scénarios sur ce qui n'aura peut-être jamais lieu... Et oui, ma réputation de dragueur n'est pas un secret, mais je sais reconnaître mes limites et quand j'ai trouvé la seule que j'ai envie de draguer, je me concentre que sur elle et les autres peuvent se rhabiller.

Je n'avais pas tout dévoilé, une chance ! Quel honte si tel avait été le cas... Si un jour j'étais assez sûr de moi pour lui avouer mes sentiments, je ne le ferais certainement pas dans un bloc opératoire devant des infirmières indiscrète et un anesthésiste incompétent. J'étais Mark Sloan et même si ma réputation de tombeur tombait, j'aurai quand même toujours de la classe.

Souffler un bon coup. Quand on termine une opération de cet envergure, la seule chose qui nous reste à faire, c'est de souffler. Lorsqu'on transféra le patient sur le lit d'hôpital et qu'on l'amena en direction de la salle de réveille, je savais que je venais d'accomplir un réel miracle. Peut-être pas le plus important, mais sans doute un qui sauvera la vie de ce patient. J'aimais me dire que j'avais fait une bonne action et que quelqu'un en sortirait vainqueur. Malheureusement pour ce patient, ce n'était pas tout. Comme Lexie l'avait expliqué au début de l'intervention, il lui faudrait des rendez-vous quotidien avec un kiné et un alitement de deux semaines, puis une reprise graduellement des mouvements. Cela ne sera pas facile, mais s'il a toute la détermination d'un gagnant, il s'en sortira. Je pense qu'à ce stade, le pire était fait. Il avait maintenant un dos tout neuf et fragile, ce qu'il en fera après ne dépendra que de lui. S'il choisissait la voie facile en se laissant choir dans son lit d'hôpital, trop lâche pour exercer quels mouvements que ce soit, alors ce serait son problème, pas celui des chirurgiens qui se sont occupés de son cas, aujourd'hui. J'étais encore dans le bloc, même si le patient et tout le personnel avait quitté. J'aimais savourer ce genre de victoire et rester dans cet environnement pendant quelques minutes, à la suite d'une intervention aussi longue et pénible. Heureusement, il n'y avait eu aucune complication...

Ce que j'avais trouvé un peu dommage, c'est que Lexie et moi avions gardé le silence pendant tout le reste de l'intervention. Le fait que j'ai parlé aussi profondément de moi à celle que j'aimais, mais que je ne connaissais que très peu, m'avait un peu déstabilisé. Je n'avais pas l'habitude de parler de moi d'une façon aussi profonde. Bien sûr, ça ne m'avait pas réellement dérangé, étant donné que ça avait peut-être éclairé un peu plus Lexie au sujet de ma vraie nature, mais en même temps, je me sentais comme si je venais de me mettre à nu devant le scalpel de la vie tranchante. Elle savait un point de plus sur moi, et moi j'ignorais encore tant de chose à son sujet. Ça me mettait un peu à l'envers, après tout... Elle savait que je ressentais quelque chose pour quelqu'un, en ce moment. Mais qui ? Ça, elle ne le savait pas et sans doute qu'elle ne s'en doutait même pas. Heureusement, puisque je ne pense pas que j'étais prêt à faire le grand saut. Après avoir prit un bon moment pour souffler, je me dirigea lentement vers le vestibule. Je remarqua le petit dos fragile de cette interne si mystérieuse et si attrayante qui se lavait les mains. J'enleva mes gants, mon masque et mon calot. Au même moment, la brunette se retourna vers moi. Nous étions face à face, yeux dans les yeux. Elle parla. Lentement, mâchant ses mots. Elle commença par s'excuser d'avoir fait intrusion dans ma vie privée, alors que c'est moi qui avait ouvertement choisit d'en parler... Elle ne devait pas s'excuser constamment de la sorte, ça en devenait triste. Il fallait qu'elle assume ses faits et gestes, la pauvre. Et même si je considérais que cela pouvait être un défaut, ça ne fit pas que je l'aimais moins. Elle fit une petite pause et nos bras se touchèrent. Je ne sais pas pourquoi j'avais approché mon bras vers l'évier. Sans doute pour me laver les mains, même si cela n'était pas nécessaire... Ou peut-être que je cherchais uniquement à avoir un contact quelconque avec cette jeune femme ? Après un petit délais et un silence, elle me demanda si j'avais trouvé cette fille qui me rendrait différent. Je pencha la tête vers le sol, quelques instants avant de la relever. En effet, cette interne était curieuse, mais cela ne faisait pas que je l'aimais moins, tout comme son défaut de toujours s'excuser. Cependant, je ne pense pas être tout à fait prêt à le lui avouer... Je ne me voyais pas, dans se vestibule, dire les trois mots magiques. Je... Je ne voulais pas. Pas maintenant. C'était trop prématurée comme approche... Pourquoi ne pas laisser aller un peu les choses et se faire un peu désirer ? Quelques fois, ça ne fait pas de mal ? Je pris donc une nouvelle respiration.

SLOAN • Je pense bien, oui.

Ces mots pouvaient vouloir en dire bien plus ou bien moins. Tout dépendra de la façon dont mini Grey les interprétera. Je lui fis un petit sourire en coin et un clin d'oeil magique. Je savais que les clins d'oeil que je faisais valaient milles mots, tout en étant très subtile. Habituellement, quand j'en faisais un, ça voulait dire « rejoins-moi dans la uncall room », mais vis à vis de Lexie, ça se voulait plutôt être une marque de... séduction subtile ? En fait, je n'en savais rien, mais ça voulait dire bien plus qu'une avance sexuelle.