Le réveil électronique sonna relativement tôt. Il affichait 8:00 am lorsque la main de Beverly s'écrasa dessus pour arrêter l'alarme. Motivée... Elle laissa retomber son bras et se rendormi presque, dans un état de somnolence. Inconsciemment, elle rouvrit les yeux une demi-heure plus tard. Tout d'abord elle se les frotta en voyant les trente minutes qui venait de s'ajouter au compteur. Ensuquée, elle perdit encore une bonne minute à comprendre qu'elle était en retard. D'un bond elle sauta en dehors du lit, manquant de se cogner la tête au plafond. Elle alluma l'eau chaude à fond dans la salle de bain alors qu'elle enlevait son short et son débardeur avant de les jeter au sale. Elle se glissa par la suite dans la douche avec hâte, se brûlant avant d'activer l'eau froide pour compenser. En deux minutes, elle s'était lavée et shampoïné. Elle se lava les dents toute en se peignant, avant de se maquiller en quelques coups de mascaras et de se sécher les cheveux à fond. Puis elle se précipita dans sa chambre, s'habilla, ouvrit la fenêtre, fit son lit en s'attachant les cheveux, et referma la pièce. Enfin, elle s'empara de son sac, de quelques papiers, et de son café au passage, puis sortit de son appartement. Se fut une course folle pour rejoindre le rez de chaussée; elle faillit se casser la cheville toutes les deux marches qu'elle sautait. Arrivée en bas, elle courut jusqu'au carrefour voisin et appela un taxi. En moins de 5 minutes elle fut au SGH avant 9h pétantes! Elle se précipita dans les vestiaires des internes, observée par les premiers arrivants qui lui reprocher presque son retard. La blouse bleue claire enfilée et le badge attachée, elle se rua dans le hall d'entrée, derrière la vingtaine d'autres internes qui regardait la liste sur laquelle était affichait leur nom et le résident auquel ils étaient assignés.

*Méredith Grey? La fille du Dr. Grey?!* Beverly cherchait autour d'elle les gens qui était assignés à son résident. Elle trouva deux garçons et deux autres filles qu'elle rejoint et à qui elle se présenta.
L'un des deux jeunes hommes leur apprit alors que leur résidente était en retard et que se serait son titulaire qui nous accueillerais; il avait une réputation telle qu'il se faisait surnommé "le tyran".

"-Qui peut se faire appeler "le tyran"?!" S'exclama Beverly en se tournant vers une petite femme de couleur. La femme en question portait une blouse bleue foncée...

Beverly ne sut où se mettre. C'était donc elle "le tyran"! Comment aurait-elle put y penser? Première journée et première gaffe! Elle se félicita intérieurement, derrière une soudaine envie de pseudo-suicide. Ces 48 heures s'annonçaient difficilement supportables et extrêmement longues! Quoi qu'il en soit, elle fut désignée pour suivre le Dr. Bailey pour des consultations pré et post opérations, après qu'elle leur ai donné leur bipper. Pourquoi était-elle la seule qu'elle ai choisit?! Elle ne l'avait pas à la bonne, ça s'était sur, mais en même temps commencer par ce genre de consultations et pas par les touchers rectaux... Et puis de tout façon ce n'était pas sa résidente! Une titulaire certes, mais pas la personne qui pouvait la torturait comme bon lui semble. Enfin, elle se faisait quand même appeler "le tyran"...

"-Le tyran, le tyran, le tyran, le tyran..." Répétait Beverly alors que sa titulaire lui demandait d'accélérer le pas.

Elle ne pensait plus à la chirurgie, ou même à la médecine, mais au mois compliqués qui ferait son internat... Oui: elle savait qu'elle en baverait, comme tous les internes avant elle. Elle le savait depuis qu'elle voulait faire ça; elle le savait, et elle ferait tout pour assumer.

Dépassant un angle, elle croisa une femme typée asiat qui la dévisagea. Beverly l'ignora, mais elle entendit que l'asiatique s'étonnait de voir une interne avec "Miranda".

*Miranda! C'est mieux, c'est plus doux; oui, concentre toi plus sur cette appellation plutôt que sur "le tyran"...* S'encouragea-t-elle intérieurement.

Mais l'asiat l'appela. Elle lui cria qu'il y avait une opération a gagné pendant les premières 48 heures. Ses paroles firent échos dans sa tête; une opération?! Elle pourrait donc rentrer dans un bloc d'ici la fin de sa première garde! Mais elle fut rappeler à l'ordre devant le cas qui l'attendait dans la chambre n°45. Oui: les mois qui feraient sont internats seraient longs et difficiles...

[H.J] Pourrais-tu, vers la fin du RP, me présenter au docteur Grey, et faire en sorte que je gagne la fameuse opération, pour aller me faire chercher un bloc disponible dans la journée, stp? Que je puisse faire une transition avec mon topic avec Jack...

Miranda était en train de se demander pourquoi elle avait choisie cette interne. Nul ne le savait, juste à l’instinct surement. Mais son instinct avait du se tromper cette fois ci. Enfin le mal était fait si on pouvait le dire, elle allait se trainer cette interne jusqu'à l’arrivée de sa résidente. Et croyez-le ou non, Miranda n’allait pas la louper concernant son retard. Une bonne réprimande sur le sens du respect allait se faire porter aux oreilles de la jeune femme. Car le respect passait aussi par le fait d’être à l’heure au travail, ou au minimum de prévenir. Le Dr Bailey se dirigea donc vers la chambre quarante cinq pour effectuer la première visite postopératoire de son patient opéré la veille. Mais avant d’entrer dans la chambre, elle regarda l’interne et prit la parole :

- Je vais te montrer en réel comment se passe une consultation postopératoire. Je te présenterais le patient, ferais les examens cliniques et conclurais l’entretien avec le patient. La prochaine visite sera la tienne, tu auras quelques minutes pour étudier le dossier et je te laisserais faire. Juste un conseil avant de rentrer dans les chambres. On laisse sa vie privée à la porte de la chambre, voir même à la porte d’entrée de l’hôpital je dirais. C’est aussi valable pour le bloc opératoire. Je ne veux pas et ne tôlerais pas qu’on ait de la pitié ou le moindre débordement personnel envers le patient. J’espère avoir été claire ! dit-elle d’un ton assez sévère.

Miranda toqua à la porte du patient puis entra. Sa femme était présente. Puis devant son interne elle présenta son cas.

- Monsieur Théophilius, quarante deux ans, à subit hier une opération de l’hernie ombilicale avec étranglement. L’opération s’est bien passée. Nous allons le arder encore deux jours en observation et il devrait être sortant d’ici la.

Miranda prit alors la tension de l’homme, celle-ci était assez bonne, elle le nota dans son dossier. Par mesure de sécurité, elle écouta aussi son cœur. Puis ensuite elle déballa le pansement pour laisser apparaitre la cicatrice. Elle laissa la jeune femme regarder puis remis le pansement, laissant une infirmière s’occuper de le changer.

- Tout est en ordre monsieur Théophilius, je repasserais demain mais laisserais surement Beverly s’occuper de vous. A demain.

Puis Miranda sortit de la chambre, prit le prochain dossier qu’elle tendit à l’interne et lui dit :

- A toi de jouer maintenant.

Beverly but littéralement les paroles de sa titulaire. Tout était conseil à prendre en compte. Elle vérifia que les gestes à exécuter étaient ceux qu'elle pensait en se calcant sur le Dr. Bailey, et tacha de ne pas trop grimacer en regardant la cicatrice. En sortant de la chambre, Miranda lui tendit un dossier. A partir de ce moment, il lui restait approximativement une trentaine de secondes pour prendre connaissance du prochain cas... Un pré-opératoire. C'était légèrement plus complexe qu'une visite post, puisqu'elle devrait expliquer l'opération au patient et à la famille, si famille il y aurait, et les rassurer. Premier jour et déjà dans le bain, elle se remit en question; pourquoi avait-elle choisit médecine franchement? Et partir étudier au Etats-Unis! Cela n'avait pas de sens. Mais elle se rappela que lorsqu'elle avait fait ces choix, elle avait des raisons toutes faites, et même si elles ne lui revenaient pas, Beverly se remotiva. Ce n'était pas le moment de flancher!

*Cancer de la moelle épinière!...* Pensa-t-elle, en apprenant par coeur le nom et l'âge de la patiente.

L'interne se fit céder la place pour rentrer en première et se présenta au couple qui se tenait la main, des yeux rouges et humides pour l'homme, un regard dans le vague et une légère inquiétude dissimulée dans les plis du front de sa femme. Elle était couchée dans son lit, presque mourante. Et là, Beverly se rappela que la chirurgie était aussi de l'humain. Elle détestait cet aspect là du métier. Déjà de part son vécu, et puis parce qu'elle était on ne peut plus égoïste. Elle n'avait pas besoin de ça dans sa vie; personne n'en avait besoin après tout!

"-Bonjour, Beverly Cambridge, je suis l'interne du Dr. Bailey, dit-elle en se focalisant sur la femme.

Il fallait qu'elle se reprenne et vite. Elle plia son cou, fronça les sourcils en inspirant et ouvrit le dossier, mais aucun mot ne sortit. Miranda s'impatienta très vite alors que le couple la dévisageait presque.

Alyx Wilson, 28 ans, hôspitalisée depuis vendredi soir. Perturbations sensitives, douleurs rachidiennes nocturnes, paresthésies, troubles sphinctériens. L'IRM conclut un cancer de la moelle épinière, le Dr Shepherd le confirme hier soir.

Elle sentit alors sur elle le regard de sa titulaire. Elle aperçut un sourire aux coins de ses lèvres avant de se retourner vers la patiente.

Opération prévue cette après-midi. Ne vous inquiétez pas, l'opération est simple. Nous allons procéder à l'ablation de la tumeur, la radiothérapie finira le travail.

La patient demanda si elle allait s'en sortir. Et là, Beverly fut une nouvelle fois désemparée...

Désolé, le risque 0 n'existe pas... Mais nous ferons tout notre possible."

Le Dr. Bailey était fière de son interne. Fière, jusqu'au moment où Beverly sortit de la chambre en courant, mal à l'aise face à cette situation... Elle fut rapidement rattrapée par la titulaire.

Dans un premier temps Miranda avait montré comment se déroulait une consultation sur le terrain. La jeune femme avait déjà vu cela en théorique à l’université mais sur le terrain elle ne devait pas encore l’avoir vu. C’est pour cela qu’elle avait préférée faire la première. Puis elle lui avait donné le dossier du patient suivant pour que Beverly puisse s’entrainer sur les consultations. Lors de cet entretien, Miranda était sur le derrière de la scène, laissant la jeune femme devant faire ses premiers pas. Miranda avait un visage assez sévère au regard de la jeune femme. Elle voulait savoir comment elle s’y prenait. Il fallait avouer que son approche était très correcte. Elle eut un léger sourire avant de se durcir de nouveau son expression faciale. Tout avait été dit, la famille n’avait pas de questions. Miranda n’avait donc eu nul besoin d’intervenir. Mais tout d’un coup l’interne prit la sortie de la chambre en toute précipitation. Miranda parut tout d’un coup gênée face au patient et surtout devant le malade. Elle prit alors la parole :

- Veuillez excuser mon interne.

Puis Miranda sortit elle aussi de la chambre. Puis une fois dans le couloir elle courut jusqu'à rattraper. Miranda voulait savoir ce qu’il c’était passer dans sa tête, ce qu’elle ressentait, car elle avoua que c’était bien l’une des premières fois qu’une interne réagissait comme cela.

- Doucement, doucement ! Qu’est ce qui c’est passer pendant la consultation pour que partes comme ça ? Je t’avais bien dit qu’il fallait ranger ses émotions personnelles ainsi que ses problèmes à la porte des chambres et des blocs opératoires !

Miranda fit une pause dans son sermon puis repris :

- Mais je vais t’avouer que tu t’es plutôt bien débrouillée lors de cette consultation. Alors qu’est ce qui c’est passer ?

La titulaire la rattrapa rapidement. Elle la sermonna un peu, mais semblait tout de même curieuse de ce qui avait poussé Beverly à quitter la chambre du patient de cette manière là.
Tout était confus dans la tête de l'interne à ce moment précis. Elle se rappelait de ce que lui avait dit Bailey concernant ses émotions pendant que l'autre le lui répétait. Quelle interne elle faisait là! Quoiqu'il en fut, elle tacha de se reprendre:

"-Désolé, c'est mon premier jour et cette tension pesante a faillit m'étouffer. C'est comme si je l'opérais déjà! Mais je savais à quoi m'attendre en entrant dans le programme. Je vais me reprendre ne vous en faîtes pas. Je ne suis pas si sensible que ça d'habitude, enfin quoi que mais... Bref. Passons. Je suis vraiment confuse."

Jusqu'à présent elle se tenait en fermant les yeux pour se remettre les idées en place et sortir ces excuses qui n'en étaient pas. En les rouvrant elle promis que ça ne se reproduirait plus, bien qu'elle savait que ça se reproduirait, puisque tel était le monde, injuste et stressant, et surtout dans le monde de la médecine.

*Tu peux y arriver! Tu peux y arriver! Tu peux y arriver! Tu peux y arriver!* Et alors qu'elle tentait de se persuader qu'elle était géniale pour s'encourager aux vues des 45 heures et 38 minutes restantes, elle aperçut une femme s'avancer vers le docteur Bailey, en blouse bleu. Un chirurgien surement. ET ce ne fut que lorsqu'elle se posta devant sa titulaire avec cet air de chien battu que Beverly comprit qu'il s'agissait du docteur Grey. Elle déclina son plus beau sourire et c'était repartit. Ce qui venait de se passer était peut-être normal, humain après tout, mais ça ne l'était pas dans la peau d'un chirurgien. Pour devenir chirurgien, il fallait penser chirurgien: il fallait vivre chirurgien! Beverly l'avait bien compris. Elle était à nouveau dans la course et avait toutes ses chances! De plus elle devait être la première de tous ses internes à se présenter au docteur Grey.

Miranda pouvait paraitre dure en apparence, mais dans le fond c’était une femme attachante qui se souciait du bien être de ses internes, de leur problèmes. Elle faisait souvent son possible pour les aider au mieux, mais d’un autre côté si elle agissait durement et sévèrement envers eux, c’était pour qu’ils apprennent à se forger leur caractère, qu’ils deviennent professionnels et que leurs émotions ne prennent pas le dessus lors des consultations ou des opérations. Miranda écouta donc la jeune femme lui expliquer les raisons de son comportement si soudain. Pourtant elle avait si bien commencée, elle était si bien partie. Il est bien trop tôt pour porter un jugement, mais Miranda avait sentie en elle un quelque chose qui pouvait faire d’elle quelqu’un de grand. La titulaire prit donc la parole :

- Il n’y a pas à être désolé, normalement cela ne devrait pas arriver, surtout devant le patient. Nous, les médecins, nous devons être professionnel et avoir le moins de sensibilité par rapport au patient lui-même. Je vais te passer ce petit accident comme je l’appellerais ainsi, mais que cela ne ce reproduise plus. Du moins avec moi ! Est-ce bien clair ?

Miranda fit une pause dans son sermon, une nouvelle fois puis reprit de plus belle :

- Bon, le prochain patient est un peu spécial. Je vais t’en parler un peu avant et je te laisserais de nouveau mener l’entretien avec le patient. Cette fois ci tache de refouler au plus profond de toi tes émotions. Je n’admettrais pas que cela ce reproduise une nouvelle fois.

Miranda prit le dossier, le posa sur le comptoir des infirmières puis le feuilleta, de telle sorte que Beverly puisse elle aussi le regarder.

- Maxime Thoras, dix neuf ans. Ce jeune homme à subit une appendicectomie suite à un appendice gangreneux. Il a fait de surcroit une péritonite aigue et un début de septicémie. Pour te dire que la mort l’a côtoyé de prés, de très près. Juste que la particularité de ce patient, c’est qu’il a en plus une maladie très méconnue qui modifie beaucoup son aspect physique. Je voulais donc te prévenir de ne pas le regarder comme une bête sauvage, d’éviter de le défigurer et d’exprimer toute forme de dégout. Allez, hop on y va.

Miranda toqua à la porte du patient, puis se présenta.

- Bonjour Maxime, aujourd’hui je laisserais mon interne mener l’entretien postopératoire de votre opération. Surtout ne vous inquiétez pas, je suis la en cas de besoin.