Depuis qu'on s'est connues, il y a pas loin de six mois maintenant, je vois très souvent Ellen. Remarquez, on est presque de la famille maintenant, vu que je suis la marraine de Sacha. C'est incroyable comment je me suis attachée à eux. Eux, c'est Ellen, la petite Sacha, bien sur, mais aussi Jules, l'adorable bout de chou. Je me plais à me dire que c'est un peu grâce à moi qu'il vit aujourd'hui. On lui a greffé de la moelle osseuse, et c'était la mienne. Bien sûr, ça aurait pu tomber sur n'importe qui, parce qu'on a d'infimes chances d'être compatibles, mais quoiqu'il en soit, c'est sur moi que c'est tombé. Cette pensée est égoïste, je l'admet mais en même temps, je pense qu'elle est totalement humaine. Par contre, j'ai moins d'atomes crochus avec Aaron, le père et mari dans l'histoire. Nos rapports au début étaient très très tendus puisque les circonstances dans lesquelles nous nous sommes rencontrés n'étaient pas optimales. Et même si maintenant ça va beaucoup mieux, on ne peut pas dire que nous sommes les meilleurs amis du monde. Ce soir justement, il est absent, il bosse. Quoi de plus normal me direz vous, sauf qu'aujourd'hui on est le 24 décembre, le soir du réveillon de Noël. J'ai réussi à avoir un petit congé, en suppliant le chef, et il me l'a accordé volontiers puisque je fais souvent bien plus que mes heures. Ce soir donc, je vais chez Ellen. Quand j'ai appris que son mari ne serait pas là, je lui ai proposé de venir avec les enfants passer noël chez moi, mais elle a préféré qu'on se retrouve chez elle, c'est plus pratique, surtout avec Sacha. Je me suis bien habillée pour l'occasion, j'ai une robe rose-rouge qui n'a qu'une seule bretelle sur mon épaule droite. J'ai attaché mes cheveux blonds en une tresse lâche retombant sur l'autre épaule et me suis maquillée très légèrement. Je suis devant chez Ellen, un sac contenant les trois cadeaux dans une main et la bûche que j'ai confectionnée de l'autre. J'hésite un moment, puis sonne avec le nez, trouvant ça plus facile. Si quelqu'un m'avait vu... Je préfère ne pas imaginer.

Ce soir c'est Noël ! Moi qui ait toujours beaucoup apprécié les fêtes de fin d'années, je suis comme une gamine. Je pense même que j'attends ça plus que les miens. Quoi que Jules me semble particulièrement en forme aujourd'hui. Il n'a pas laissé dormir sa soeur plus d'une heure cet après midi. Je ne peux pas laisser mon fils à la DDASS pour le repos de la petite dernière, paraît que ça se fait pas, alors j'improvise, comme j'ai toujours fait. Mon éducation laisse à désirer, mais je suis au moins sûre d'une chose : mes enfants sont heureux. C'est tout ce qui compte.
Ce soir Aaron est d'astreinte à la BAU. Nouvelle de dernière minute, merci Strauss. Je me demande encore si elle ne cherche pas à me le piquer. Ce sera peine perdue parce qu'elle ne lui fera jamais autant de choses que moi ^^ Oups, je m'égare. Pardonnez-moi, les nuits sont courtes et les journées plutôt longues !
J'ai convié Teddy ce soir, de toute façon elle aurait été invitée qu'il y ait Aaron ou pas. Je ne peux pas la laisser fêter Noël toute seule, c'est une fête de famille ! Sauf que la mienne je ne veux pas la voir. En tout cas pas mes parents et mon frère est toujours là où on ne l'attend pas. Je n'ai pas de nouvelles depuis des semaines mais ça n'a rien d'inquiétant.
Sacha est dans son transat, elle est très calme, remarque elle est encore toute petite. Jules lui, éparpille ses jouets partout dans la maison. Il a une pêche incroyable ce gosse ! Je me demande encore comment il fait pour dormir si peu et faire autant de choses dans sa journée, même moi je n'arrive pas à suivre.

Jules range tes jouets !

Tu parles, il est mort de rire et il continue de n'en faire qu'à sa tête, j'ai une autorité naturelle ^^ J'entendis sonner et partie ouvrir, je me sens light par rapport à sa tenue.

Tu fais pas attention à la salopette, je vais me changer.

Je la laissa entrer, la débarrassant de ses paquets. Je porte une salopette en jean, mes cheveux attachés et un t-shirt d'Aaron. Oui, on repassera pour le glamour. Mais je suis en plein chantier là !

Jules, tes jouets, ça fait deux fois.

Elle m'ouvre et contrairement à moi, n'a pas dégainé sa tenue de soirée. "Tu fais pas attention à la salopette, je vais me changer. " Je lui fais la bise en entrant dans l'apart avant de dire : Roh, laisse ! Ma robe me faisait de l'oeil, c'est pour ça. Je l'ai achetée y'a pas très longtemps et depuis qu'elle est dans le placard, je cherche une occasion de la mettre. J'entre et dépose mon sachet en carton sur la chaise pendant que j'enlève mon manteau. Je fais ensuite un gros bisou à Jules avant de prendre Sacha dans mes bras. Je pioche dans le sac le cadeau à destination du petit garçon et le lui tend, en disant : J'ai trouvé ça sous mon sapin... Et vu que je ne m'appelle pas Jules, le père noël a du se tromper je pense ! Je lui fais un grand sourire. Ce qu'on peut inventer je vous jure ! Ensuite je m'assoie, toujours avec la petite dans les bras, dans le sofa. Je tends à Ellen un paquet plus petit en disant : tiens, celui là c'est pour toi ! Son ipod est mort il y a quelque temps, alors j'me suis dis que c'était l'occasion. Quand elle l'a eu ouvert, je lui en donne un dernier, pour Sacha cette fois ci. C'est le plus petit des trois paquets, et j'ai voulu marquer la coup, pour son premier noël. Dans la petite boite rigide, il y a un pendentif et sa chaîne, tous deux en or rose. Le pendentif n'est rien d'autre qu'... un ourson bien sûr. C'est presque le même que celui que je porte autour du cou. Plus symbolique qu'autre chose, c'est mon porte bonheur depuis mes 4 ans. Et ça, Ellen le sait bien.

Je suis heureuse de ne pas être seule le jour de Noël, l'idée me fait déprimer ! Je ne sais pas pourquoi je porte un tel amour à cette fête, alors que pour moi le mot famille n'évoque rien de plus que des tromperies et des règlements de compte à coup de chèques de 15.000 $. Je ne sais pas non plus pourquoi je tiens tant à fonder une famille si parfaite, à côté de celle dans laquelle j'ai grandis, tout est parfait !
Teddy rentre et montre tous les cadeaux, Jules ne tient plus, il est excité comme une puce. Je lui demande alors de mettre tout ça sous le sapin, nous les ouvrirons après le repas, comme le veux la tradition, et pour être honnête, ça me donnera l'avantage de pouvoir lui dire qu'il sera privé de cadeaux s'il ne se calme pas. C'est moche, je sais, le chantage c'est pas beau mais ça marche ^^

Je vais me changer, j'en ai pour deux secondes.

Je l'embrasse sur la joue et file dans ma chambre. Enfile un tailleur noir, une veste ceintrée sans rien en dessous que mon soutient gorge, ça reste correct, mais très féminin. Pour collier je porte un raz du cou orné d'une croix gothique, et je laisse tomber mes cheveux blonds en cascade sur mes épaules après avoir rapidement lissé le tout d'un coup de plaque.
Un trait de crayon pour mettre mes yeux en valeur, mes talons aiguilles et me voila prête !

On bois ?

Non, on ne se bourre pas la gueule tout de suite Ellen, elle vient d'arriver, soit gentille ^^. Elle s'assied au bar et je me mets derrière pour servir deux coupes de champagne.

Bébé tu veux quoi ?

Cocaaaaaaaaaaa !

C'est bien parce que c'est Noël.

A 8 h du soir il n'est pas censé boire de caféine.

Comment s'est passé ta garde ?

Noël a une connotation particulière pour moi... c'est synonyme d'insolite souvent. Surtout quand j'étais en Irak, voilà les plus mémorables de ma vie. Je préfère éviter d'y penser, pas vraiment envie de pleurer ce soir, même si j'ai le pressentiment que ça va arriver. Je m'amuse avec ma filleule pendant qu'Ellen se change et que Jules est trop occupé par ses jouets pour s'intéresser à ce qui l'entoure. Quand mon amie revient, je ne manque pas de remarquer sa tenue, à couper le souffle. Elle est réellement magnifique, cette femme a un don pour ça ou un truc du genre... Ca doit venir de sa mère je pense. On boit ? elle me dit ça, l'air faussement innocent. Alors qu'elle nous verse deux coupes de champagne je réplique : Mais toujours ! tu devrais le savoir depuis le temps... Faut dire qu'à nous deux, l'alcool ça y va... Elle sert un coca à son fils tandis que je pose Sacha dans son berceau, elle s'est endormie. Elle me demande ensuite comment s'est passée ma garde. La garde, bien... mais... Ma voix se casse et ma gorge se noue c'est avec Julian que ça ne va plus... Je lutte pour ne pas pleurer, faut absolument pas que je lui gâche son noël, je sais qu'elle adore cette fête... Mais elle sait combien je tenais à Julian, je lui en ai tellement parlé...

Entre femmes modernes on a le droit. Je suis mariée accessoirement, mais ça ne me perturbe pas des masses. Aaron est très compréhensif pour ça, je peux être la femme que je veux du moment que je me respecte, et que j'en fais autant avec lui. Il a son boulot qui lui prend énormément de temps, et moi je me rends compte qu'il m'en prend tout autant. Tant qu'on ne s'oublie pas mutuellement, nous sommes plutôt libres. Maintenant nous avons deux enfants, ce qui fait de nous un couple normal. Bien que notre métier en soit tout autre. Il faut bien avouer que notre union est atypique, dans le sens où ni lui ni moi ne sommes faciles à caser. La même équipe, le même job, des heures intenables et une vie de famille à gérer, mais on y arrive, il y a de l'espoir.
Teddy me raconte qu'entre Julian et elle ça ne va plus. Je ne peux pas lui dire que c'est la différence d'âge, ce n'est pas vrai. Puisqu'Aaron et moi ça marche. Je fais le tour du bar et la prend dans mes bras. Raconte moi ma belle. Lui servant une coupe de champagne.

Comment lui raconter sans éclater en sanglots...? Je me rends compte que Seattle m'a ramolli considérablement le coeur. Avant, je ne pleurais jamais. En Irak, je me suis endurcie, alors que j'étais déjà blindée... Mais j'ai voulu retrouver la vie d'une femme normale et j'ai hérité de tous les soucis et les larmes avec, c'est un lot commun faut croire... Elle me serre dans ses bras, et je respire un coup. Puis, après avoir avalé au moins la moitié de mon verre cul-sec, je commence : Je sais pas ce qu'il y a ! Au début c'était génial, c'était excitant... Mais... J'en sais rien, c'est peut être la différence d'âge... Au fond on était pas sur la même longueur d'onde. Il ne me surprenait plus, et lui ne supportait plus toutes mes heures de travail... Je voulais que ça marche Ellen, je voulais vraiment. Tu sais, pendant un moment j'y ai cru ! Quelle conne alors... On... Une larme perle sur ma joue, mais elle n'est pas accompagnée de sanglots, juste les larmes, silencieuses On a rompu hier ... Joyeux Noël Teddy ! Cette dernière phrase était ironique, évidemment... Mais c'est clair que je rêvais d'autre chose pour les fêtes, d'un week end en tête à tête par exemple ou quelque chose du genre. Tout mais pas ça. Enfin, je veux dire, je suis très bien chez Ellen, faut pas croire, mais c'est pas pareil, vous l'aurez compris !

Je ne sais pas ce qui m'a retenu de comprendre. Pourtant je suis non seulement empathique mais assez pro dans ma façon de vivre, j'aurais dû remarquer que ça n'allait pas, et à sa façon de toucher sa bague comme ça de façon très fréquente, aurait du me mettre la puce à l'oreille. Teddy est une femme géniale, elle a juste un peu de mal à gérer le boulot et les relations humaines, comme moi quoi ! Sans Aaron, ma vie sentimentale est un désastre, il n'y a qu'à voir les quelques relations éphémères que j'ai pu avoir. Il faut voir ce que donne une femme moderne sans son homme, vous parlez d'une indépendance vous ! Ca n'a rien à voir avec votre âge Teddy. C'est peut être pas fini. Et puis si ça l'est on va te trouver LE mari de compétition. Mais tu resteras pas seule. T'as pensé à taper dans les femmes ? Juste pour essayer... Ellen tu es intenable ! Mais après tuot pourquoi pas, il ne faut pas mourir con, ni sans tout avoir essayé. Je suis pour l'éclectisme ! Bois un peu.

Quand je suis nerveuse, triste, en colère, enfin...Quand je ne suis pas dans un état normal disons, je triture ma bague ou mon collier, tout dépend. Elle essaye de me réconforter comme elle peut, ce à quoi je réponds : Je le sais bien ça... J'sais bien qu'un jour je finirai par trouver un gars du tonnerre, mais j'suis juste fatiguée d'attendre... Et j'arrive pas à comprendre ce qui va pas chez moi, ce que j'fais de travers... J'veux dire, j'suis médecin, j'peux pas être bête... Et j'suis pas trop mal pour mon âge... J'sais pas ce qui déconne avec moi ! De toute façons, depuis qu'j'suis née, y'a rien qui tourne rond C'est de plus en plus de larmes qui coulent le long de mes joues, mais Ellen réussit tout de même à m'arracher un petit rire avec son T'as pensé à taper dans les femmes ? Juste pour essayer... je réponds, à demi ironique : Bien sur que j'ai essayé... Quand j'étais jeune j'en ai fais des choses mais... Enfin tu vois, ça colle pas quoi ! Evidemment, je n'ai rien contre, loin de là. Simplement, c'est pas pour moi, c'est tout. Sous ses conseils, je finis mon verre

Nous sommes des femmes et toutes les femmes rêvent de rencontrer le prince charmant. Parce que c'est génétique, c'est tout ! C'est le second chromosome X qui veut ça. Bien sûr que nous sommes toutes dans l'optique d'être indépendantes et fières de l'être, mais au fond, sans un homme nous sommes quoi ? Ben pas grand chose. Oui, c'est moi qui dit ça. Ellen Gibson, moi qui me suit battue corps et âmes pour le respect des femmes et qui continue encore à vouloir prendre la place d'un bonhomme dans le monde commun des mortels. Sauf que je me suis rendue compte avant de me remettre avec Aaron qu'au fond je ne suis que l'ombre de moi même sans lui. Sans le père de mes enfants. Alors un homme c'est chiant, c'est jamais là et ça ne passe pas l'aspirateur, mais je vous prie de croire que c'est bien utile. On a tous fait des choses étant jeunes, surtout bourrés. Ca veut pas dire que ça compte. Essuyant ses larmes en souriant légèrement. Elle fini sa coupe et je ne lui resservie pas tout de suite un deuxième, on va essayer de se miner doucement ce soir ^^ T'es méga bien conservée pour tes 40 ans, et je dis pas ça parce que je t'aime bien, y en a bien un qui réussiras à te faire rêver. Prend le temps de trouver le bon. Je parle de ça mais moi j'avais seulement 17 ans quand j'ai trouvé Aaron, à la différence prêt que nous on commence tout juste à arrêter de galérer ! Il ne faut pas qu'elle désespère.

Ellen fait son possible pour me réconforter et j’apprécie vraiment ça. En fait, j'ai toujours évolué dans un milieu masculin, pensant que ça me convenait mieux mais finalement, c'est bien de pouvoir parler à quelqu'un qui nous comprend. On a un feeling assez spécial avec Ellen je dois dire... Très insolite. Notre première rencontre, on s'est tout de suite comprises. Je lui ai avoué des choses que je n'avais jamais dis à personne, excepté de ma mère et ma soeur, qui étaient présentes. Même pas Owen était au courant, c'est dire. Et la première semaine, elle a passé 4 jours dans mon apart', elle en avait même les clefs. Non, j'vous dit, c'est insolite. Alors qu'elle essuie la dernière larme qui perle sur ma joue, de son pouce, je sourie un peu tristement, décidée à arrêter de pleurer. Je regarde tour à tour Jules, et sa mère avant de dire, en riant légèrement : J'suis sure que vous aviez rêvé d'un autre Noël hein... Juste par respect pour eux, et pour la fête, je décide d'arrêter de me plaindre et de tout faire pour profiter au maximum de la soirée. Je m'écrie ensuite : Merde ! La bûche, faut ma mettre au froid ! C'est un gâteau glacé, il va fondre... J'attrape donc la boite et me précipite vers le frigo des Gibson et trouve une petite place pour le ranger.

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